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De l’importance de proposer un commerce joyeux malgré la crise et les incertitudes.

De l’importance de proposer un commerce joyeux malgré la crise et les incertitudes.

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Gilets jaunes, grèves, crise sanitaire, pénuries, inflation, crise de l’énergie. Ces cinq dernières années n’auront pas épargné le commerce. Au contraire. À l’échelle mondiale, les crises se sont suivies (entrecroisées même), ne lui laissant aucun répit. En conséquence, depuis de nombreux mois, les acteurs du secteur mobilisent leurs ressources, leur temps et leur énergie pour maintenir la barre, coûte que coûte, et tentent, autant que faire se peut, d’épargner le porte-monnaie de leurs clients, tandis que le prix de l’énergie et des matières premières subit une hausse inédite depuis quatre décennies. 

C’est ainsi que Picard, par exemple, annonçait récemment limiter la hausse de ses prix à 10%, alors même que certains de ses fournisseurs lui demandaient des augmentations de 30%.  Au même moment, au Royaume-Unis, Primark  promettait quant à lui de ne pas augmenter ses prix et ce, en dépit des conséquences potentielles sur ses marges et profits. 

Dans le secteur du prêt-à-porter, les difficultés inhérentes (du moins en partie) au contexte destructeur sus évoqué, sont telles que depuis plusieurs mois, on ne compte plus les annonces de fermetures

 

“Qu’ils soient commerçants ou qu’ils soient clients, les gens sont fatigués.”

 

Lorsqu’on lutte pour sa survie, comme c’est le cas actuellement pour de (trop) nombreux commerçants, il est aisé (et compréhensible) de se laisser aller à la morosité et d’oublier, ce faisant, la raison d’être originelle du commerce : le client. Néanmoins et précisément, le client n’a pas été épargné, lui non plus, par les chocs à répétition que le monde a connu ces dernières années. Durant la crise sanitaire, il a dû, lui aussi, subir les confinements, le chômage partiel, l’angoisse et les incertitudes. Et il doit à présent faire face aux effets délétères de l’inflation sur son pouvoir d’achat et, de fait, sur sa vie quotidienne, sur son bien-être, sur ses projets présents et futurs. 

Qu’ils soient commerçants ou qu’ils soient clients, les gens sont fatigués. Les gens sont usés par ces nombreux mois où les mauvaises nouvelles n’ont fait que s’enchaîner. 

En janvier dernier, une étude Santé publique France / BVA révélait ainsi que plus de quatre personnes sur dix estimaient avoir présenté des signes d’état dépressif ou anxieux au cours de l’année 2022.  

 

Un magasin pourvoyeur de bonheur.

 

En regard de cet état généralisé de lassitude, d’abattement (de mélancolie même, parfois), il est justement, selon moi, du devoir du commerçant de faire fi de ses propres angoisses face au client pour lui offrir de la joie, de la gaîté et de la bonne humeur en magasin. 

Ce rôle de pourvoyeur de bonheur pour le client, il est un magasin qui, en ce moment, l’incarne tout particulièrement. Ce magasin, c’est Le Bon Marché.  Il y a un an, le mythique magasin parisien faisait sourire (si ce n’est rire) ses clients à travers une exposition dédiée au “Mignonisme” de Philippe Katerine. À l’automne dernier, Le Bon Marché fêtait ses 170 ans à travers des animations et installations joyeuses, audacieuses, pop et décalées, à mille lieu de ce que pouvait laisser présager son positionnement haut de gamme. Enfin, (cerise sur le gâteau !) depuis le 25 février et ce, jusqu’au 23 avril prochain, le grand magasin propose d’aider le client à être “bien dans sa tête, bien dans son corps”, à travers l’exposition “Comme un poisson dans l’eau”, dans le cadre de laquelle il est possible de profiter d’une expérience “immersive et méditative”, en plongeant (littéralement ou presque) dans l’oeuvre “Sketch Aquarium” du collectif japonais teamLab, ou encore de participer à des cours de sport, de yoga et de méditation. 

Plus largement, au cours des derniers mois, les Grands Magasins ont particulièrement redoublé d’effort et de créativité, pour (re)créer un lien fort avec leurs clients, en leur permettant de vivre des expériences inoubliables en magasin. En janvier dernier, le Printemps lançait, par exemple, Le Temps Printemps, “un concept innovant qui propose d’offrir, seul ou à plusieurs, un cadeau 100% expérientiel” : expériences exclusives de shopping, moments de bien-être, instants gourmands…

Il y a un an, les Galeries Lafayette célébraient, au sein de leurs magasins français, les 50 ans de l’ancêtre mythique de l’émoji : le Smiley. Une fête durant laquelle l’enseigne a mis un point d’honneur à faire sourire ses clients, à les distraire, à les amuser. 

Pour ma part, je suis persuadé que ce sont des initiatives telles que celles-ci, joyeuses et empreintes d’espoir, dont le client a besoin en cette période particulièrement difficile. Évidemment, il faut faire tout son possible pour lui proposer le meilleur prix eu égard à l’impact de la crise sur son pouvoir d’achat. Mais plutôt que de ne lui parler que de prix et, par là-même, de sans cesse lui rappeler les difficultés qu’il doit affronter au quotidien, n’est-il pas, au fond, préférable de l’aider à les surmonter en lui permettant, purement et simplement, de les oublier, ne serait-ce qu’un instant ? Sans nul doute, la réponse est oui. J’en suis convaincu. Et m’est avis que le client aussi.