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M. Moustache, une marque de chaussures engagée pour la planète.

© M. Moustache

Eco-conception, compensation carbone, recyclage…. M. Moustache est une marque de chaussures qui s’engage au quotidien dans la préservation de l’environnement. Et le tout, avec le sourire ! Son co-fondateur Thibault Repelin nous en dit plus sur la philosophie de M. Moustache, avec un focus tout particulier sur sa collaboration avec Carbonapp, opérateur de compensation carbone.

 

Pouvez-vous nous présenter M. Moustache ?

 

M. Moustache est une marque de chaussures qui a eu 10 ans en septembre dernier. Nous avons une mission à la fois très simple et très compliquée : créer des chaussures et une mode qui donnent le sourire à la planète et à ses habitants. Cela passe notamment par la fabrication de produits qui soient les moins impactants possible.

 

Qui est à l’origine de M. Moustache ?

 

Nous sommes trois associés, Guillaume Alcan, Antoine Vigneron et moi-même. Nous nous sommes rencontrés en école de commerce et, un peu sur un coup de tête, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire dans la chaussure. Nous avions, dès le départ, envie de monter un projet éco-responsable mais en revanche pas les moyens de le faire car nous ne connaissions ni le secteur, ni la production. Nous avons donc commencé par faire des produits qui plaisent à notre cible pour être une marque qui compte et, depuis cinq ans, nous avons mis en place des actions pour réduire notre impact.

© M. Moustache

Cela passe par quoi très concrètement ?

 

Nous travaillons depuis plus de deux ans avec Fairly Made, une green tech qui fait l’analyse du cycle de vie de nos produits pour déterminer quel est leur impact environnemental à partir d’une quinzaine d’indicateurs. L’impact phare que nous avons choisi de retenir, en accord avec eux, ce sont les émissions de CO₂ que nous mesurons dans le détail pour l’ensemble de nos produits pour comprendre si elles sont dues par exemple au pays de fabrication, au transport, ou encore à la matière première etc … ? Cela a notamment mis en lumière un constat très clair : le cuir est une matière très noble, très belle, encore très utilisée dans la chaussure mais aussi très impactante. Dans nos calculs, nous avons fait le choix de considérer que le cuir n’était pas un déchet de l’industrie agro-alimentaire donc nous devons aussi prendre en compte l’élevage de la vache dans l’analyse du

cycle de vie d’un produit, ce qui fait que, pour certaines baskets ou chaussures de ville, le cuir peut représenter plus de 60% de leur impact carbone. Nous avons donc mené un gros travail d’éco-conception pour essayer de trouver des alternatives dès que possible, sans nuire au style ni au confort et, aujourd’hui, 60 % de nos chaussures sont des modèles low impact ou vegan.

 

Quelles actions menez-vous également en parallèle ?

 

Si les chaussures sont éco-conçues mais qu’on doit les jeter au bout de quelques mois, cela ne sert à rien. Nous accordons donc une attention toute particulière à la durabilité de nos produits. Autre levier important : notre programme de recyclage de chaussures. Nous collectons les paires usagées dans chacune de nos 10 boutiques en France via des bornes de collecte et travaillons ensuite avec un partenaire au Portugal qui les recycle à 100% (sauf composants métalliques) et les transforme en semelles. 60% de notre collection est aujourd’hui conçue avec ces semelles. Enfin, nous travaillons sur la légèreté de nos chaussures. Ça peut passer par la semelle en utilisant certaines matières plutôt que d’autres, de l’EVA recyclé par exemple à la place du caoutchouc, ou en réduisant la quantité de matière utilisée. Ca va aussi passer par la réduction au maximum de l’utilisation du cuir quand on le peut ou, quand c’est plus difficile comme sur notre gamme de chaussures de ville, de travailler avec des tanneries certifiées par le Leather Working Group. Toutes ces actions nous permettent de réduire au maximum l’impact de nos produits et, aujourd’hui, notre paire de chaussures qui émet le moins d’équivalent CO₂ en émet 6 kg, soit 80% de moins qu’un produit standard sur le marché !

 

Vous collaborez également avec Carbonapp pour compenser votre impact carbone. Pourquoi cet engagement ?

 

On ne peut pas avoir 35 ans aujourd’hui et monter une marque dans la mode sans avoir conscience des limites du modèle dans lequel on est. Le simple fait de produire fait qu’on émet forcément et ce résultat de 6kg eqCO2 n’était toujours pas suffisant pour nous. Nous considérons que notre mission en tant que marque est de proposer des produits qui soient viables pour la planète et pour nos clients. Nous avons donc, via Carbonapp, souhaité compenser ces émissions résiduelles. Carbonapp nous a permis de trouver des projets porteurs de sens pour notre industrie.

 

Quels types de projets soutenez-vous avec Carbonapp ?

 

Nous avons participé au financement de deux projets. Le premier soutient la décarbonation d’un élevage bovin en Moselle. Nous l’avons choisi car nous utilisons encore le cuir sur certaines de nos chaussures et une grosse partie de l’impact de ce cuir vient de la partie tannage, préparation du cuir mais aussi de l’élevage. Nous avons donc sélectionné un projet qui nous permet d’agir au début de la chaîne en travaillant avec cet éleveur qui a mis en place des mesures pour réduire l’impact de son cheptel. Nous sommes allés à sa rencontre quand nous avons commencé à financer son programme pour comprendre sur le terrain comment on faisait pour décarboner un élevage bovin. Et ça passe par des actions très concrètes comme installer son élevage près d’une source d’eau pour éviter de faire venir chaque jour des citernes d’eau car une vache en pleine canicule peut boire jusqu’à 100 litres d’eau par jour. Nous soutenons aussi les énergies vertes en Chine via un projet de barrage hydraulique car une partie de nos modèles sont fabriqués là-bas. Cela nous permet de compenser totalement notre empreinte carbone résiduelle incompressible.

Avec Carbonapp, M. Moustache soutient la décarbonisation de l’élevage d’Eric Wollbrett, en Moselle. © M. Moustache

ZOOM SUR CARBONAPP, OPÉRATEUR DE COMPENSATION CARBONE.

Nicolas Ferrière, vous êtes un des fondateurs de Carbonapp. Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

Nous avons créé Carbonapp en 2020 avec pour ambition de bâtir le plus grand réseau multisectoriel de sourcing et de labellisation de projets bas-carbone français. Sa plateforme en ligne permet d’identifier, de choisir et de suivre les meilleurs projets de compensation carbone. Notre objectif est de permettre aux entreprises et collectivités territoriales d’atteindre l’exemplarité climatique grâce au dispositif de la compensation carbone, en complément des actions d’évitement et de réduction de l’impact à la source. Nous avons remporté le Trophée Innovation Environnement au Congrès de la RSE en 2022. 

Concrètement, comment l’éleveur bovin soutenu par M. Moustache arrive-t-il à décarboner son élevage ?

C’est un mix d’actions possibles. Cet éleveur doit jouer sur deux tableaux. Le premier est d’augmenter le stockage de carbone dans les sols et notamment dans les prairies. C’est un levier important pour lutter contre l’effet de serre mais au-delà, augmenter les surfaces de pâturage permet de sortir les animaux plus régulièrement et plus longtemps, favorisant leur bonne santé, augmentant leur bien-être et diminuant les risques sanitaires. Cette exploitation s’intéresse aussi à l’alimentation de ses bovins en optant pour l’autonomie. L’éleveur produit lui-même ce qu’il va donner à manger à ses vaches et évite les émissions de gaz à effet de serre indirectes, engendrées par la nourriture venue d’ailleurs. 

A quel moment intervient Carbonapp ?

Nous avons un rôle de labellisation de ces projets, de suivi et de certification avec le label bas carbone. Nous travaillons avec les exploitants, les porteurs de projets, qui gardent leur libre-arbitre sur tous leurs projets. Notre rôle est de les aider à aller vers ce fameux label bas-carbone et cette compensation carbone en concevant les projets avec eux. Nous les trouvons via différents partenaires locaux comme les chambres d’agriculture, les bureaux d’études, les experts forestiers quand on parle de projets sylvicoles ou arboricoles, qui nous permettent d’identifier et porter la démarche jusqu’aux porteurs de projet. Nous faisons ensuite le lien jusqu’aux financeurs. 

Faites-vous des bilans carbone pour déterminer ensuite la compensation carbone qui convient ?

Non, notre métier est de compenser même si on manipule du carbone tous les jours et que nous serions capables de faire un bilan carbone. Nous sourçons, certifions et gérons des projets de compensation carbone, mais le pré-requis prioritaire pour les entreprises qui financent les projets est d’abord de s’inscrire dans une démarche globale : mesurer, éviter, réduire et enfin compenser de façon volontaire si on en a envie. On ne fait pas de compensation carbone sans ses pré-requis, sinon on se déresponsabilise de son empreinte carbone et ce n’est pas vertueux. Chez Carbonapp, nous nous inscrivons systématiquement dans cette démarche, nous en jugeons le sérieux en discutant avec nos clients avant d’activer la compensation carbone. Ce serait contraire sinon aux principes du développement durable et assimilable à du greenwashing.

Compenser, est-ce un sujet dont s’emparent de plus en plus d’entreprises aujourd’hui ?

La compensation carbone existe depuis une vingtaine d’années mais, ce qui est nouveau, c’est qu’on peut le faire en France depuis deux ans. Avec le label Bas carbone créé par le ministère de la Transition écologique, on a désormais la possibilité de localiser cette compensation carbone en France, ce qui n’était pas le cas avant. Nous constatons qu’il y a de plus en plus de demandes sur le sujet mais il faut faire attention quand on est une marque forte avec de la visibilité car la démarche environnementale doit être globale et transparente. Parfois, certaines marques sont très emballées par la compensation sans avoir réfléchi aux étapes précédentes comme l’éco-conception. Cela nécessite des changements majeurs dans les entreprises, un changement de mindset qui implique un gros travail en interne en amont de la démarche de compensation carbone. A ce titre, M. Moustache est totalement aligné dans sa globalité. 

Qui peut faire appel à Carbonapp ?

Comme la démarche de compensation carbone est volontaire, ça peut être des petites comme des grandes entreprises, des collectivités territoriales, des particuliers, il n’y a pas de limites. C’est un service purement environnemental qui ne se défiscalise pas, donc il faut avoir un minimum de revenus à investir. Dans les faits, ce sont le plus souvent des sociétés de taille moyenne à grande. Nous avons par exemple aussi parmi nos clients Adecco, Le Petit Prince ou encore Back Market….