Régulation du métier d’influenceur : quel avenir pour le marketing de contenu ?
Les crises économique et environnementale, couplées avec les différents projets de loi visant à réguler le marché, pourraient bientôt bousculer la dynamique de la profession d’influenceur.
La réglementation du métier d’influenceur devient un sujet de plus en plus brûlant, tant au niveau européen qu’au niveau des états. L’année dernière, le Parlement Européen a commandé une étude pour évaluer les risques potentiels d’une expansion du secteur de l’influence et du marketing de contenu en l’absence de réglementation juridique stricte, tels que le manque de transparence quant à la collaboration avec les marques ou la publication de contenu pouvant porter atteinte aux consommateurs les plus vulnérables.
Au sein de l’Union Européenne, la France a été l’un des premiers pays à agir en établissant des règles spécifiques au secteur : depuis octobre 2020, le travail des enfants influenceurs est strictement réglementé et récemment, le gouvernement a annoncé, pour mars prochain, la discussion au parlement d’un projet de loi visant à « lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux ». Cette mesure s’ajoute à un premier projet de loi qui sera présenté au Parlement dans les prochains jours et qui interdira aux influenceurs de publier des contenus faisant la promotion de médicaments, de frais médicaux et d’investissements risqués.
Un marché en pleine croissance…pour le moment.
A ce jour et à l’échelle mondiale, le marché des influenceurs ne connaît pas la crise. A titre d’exemple, en Italie, l’UPA (association des utilisateurs de publicité) lors de sa conférence influencer marketing 2022, a fait état d’une croissance du secteur de 8% en 2022. En France, pas moins de 63 % des 18-24 ans indiquent suivre des créateurs de contenu sur les réseaux sociaux, selon la dernière étude Reech sur le marketing d’influence.
Toutefois, l’utilisation croissante des influenceurs par les marques et enseignes à des fins de communication et/ou de commercialisation de produits pourrait, dans un avenir proche, être entravée par les évolutions sociétales actuelles et, notamment, par la prise de conscience par les clients de l’impact environnemental et social de la surconsommation.
Dans une période à la fois complexe pour l’économie et marquée par l’urgence climatique, la réduction de la consommation n’est plus une option, mais constitue bel et bien une obligation. De fait, la glorification des signes extérieurs de richesse, omniprésente dans le discours d’une partie des créateurs de contenus, pourrait être à l’avenir moins appréciée par un public de plus en plus soucieux de son impact sur l’environnement, selon certains experts du secteur de l’influence. Les marques et enseignes devront donc accorder une attention particulière au choix de leurs ambassadeurs, en sélectionnant des personnes dignes de confiance avec lesquelles établir des partenariats sur le long terme.