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Encore : des objets de seconde main oui, mais avec une histoire !

© Elsa Lebaratoux

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ettre en lumière la seconde main à travers la valeur émotionnelle des objets, voilà la philosophie du Collectif Encore. Entretien avec sa co-fondatrice Coline Laurent…

Expliquez-nous, quel est le projet d’Encore ?

 

La seconde main existe depuis toujours, elle est le plus souvent mise en valeur sous un angle économique et sous un angle écologique. Ce que Encore souhaite valoriser, c’est l’aspect émotionnel. Un objet qui a vécu, a été utilisé par quelqu’un, est chargé d’une histoire. L’idée, c’était de redonner leur histoire aux objets, redonner de la poésie dans l’utilisation de biens d’occasion. Cela peut d’ailleurs être l’occasion de convertir certaines personnes réticentes à la seconde main en les sensibilisant autrement à ces objets. Ça permet de parler de la seconde main d’une façon nouvelle sous un angle émotionnel quasiment jamais exploité et pourtant nécessaire selon moi pour créer de la désirabilité et mobiliser un imaginaire positif. 

 

En quoi est-ce une façon finalement très différente de promouvoir la seconde main ?

 

De plus en plus d’acteurs cherchent à reproduire les codes du neuf, il faut que les objets soient en bon état, propres, comme s’ils n’avaient jamais été utilisés. Notre crédo est au contraire d’assumer que l’objet a déjà été aimé, qu’il peut avoir des imperfections du fait de son histoire, et imaginer une expérience autour de ça. Ça permet de rendre désirable la seconde main, non pas juste en tant qu’alternative écoresponsable mais en tant que telle c’est-à-dire un objet unique, patiné, qui a vécu. 

 

Qui peut avoir recours à Encore ? 

 

Au début, nous avions dans l’idée de proposer cet outil comme un plugin pour les plateformes de seconde main qui existent déjà. Par exemple, un internaute va sur un site de seconde main et coche le filtre je veux voir les objets qui ont une histoire. Mais nous nous sommes rendus compte que c’est une démarche qui demande du temps aux vendeurs et aux plateformes. Or, pour être rentables, ces plateformes doivent faire un maximum de volume et donc être très transactionnelles. Elles cherchent donc à optimiser les parcours pour que ce soit le plus rapide possible, ce qui n’était pas vraiment compatible avec la philosophie d’Encore qui œuvre pour une consommation plus consciente. Nous avons donc décidé donc d’en faire un outil au service d’opérations évènementielles pour les plateformes ou boutiques de seconde main, par exemple un stand ou un pop-up sur lequel les objets ont une histoire. L’idée est de faire vivre une expérience différenciante à leurs clients en les touchant directement au cœur : ils vont découvrir une histoire et donc passer plus de temps en magasin, au contact du produit, s’y attacher émotionnellement.  

 

Concrètement, comment fonctionne Encore ? 

 

Il s’agit d’une web-app sur laquelle le déposant ou la déposante de l’objet va pouvoir raconter son histoire. L’objet est accessoirisé en magasin avec une étiquette et un QR code qui va donner accès à l’histoire. L’intérêt de passer par la technologie, est d’avoir du multimédia, photo ou voix par exemple. Mais on propose aussi des formats papier. Selon les besoins, nous allons de la mise en place de l’événement autour de l’occasion à une prestation d’agence où nous imaginons le dispositif de l’événement de A à Z, créons un support de communication, les étiquettes sur la revente et accompagnons l’acteur sur la façon de communiquer sur cet évènement.

© Encore

Mais Encore, c’est aussi un univers à part entière autour de la valeur émotionnelle de ces objets déjà utilisés …

 

Oui tout à fait. Encore, c’est aussi un Podcast, réalisé en partenariat avec le Studio Prisme, qui s’appelle Mémorable et qui est disponible sur les plateformes de podcast et sur YouTube. J’y interviewe des professionnels de la seconde main qui ont pour point commun d’accorder une valeur émotionnelle à leurs objets. Comme Fanny Robert, la fondatrice du site de bijoux vintage Noir Carat, qui, de son côté, partage des histoires autour de la seconde vie de ses bijoux. Nous créons tous ces contenus engagés pour faire parler de la seconde main sous un angle positif. C’est ce qui nous a d’ailleurs amenés aussi à proposer une version écolo de la chanson de Mariah Carey All I want for Christmas is you, devenue Nothing I want for Christmas is new, à l’association Zero Waste dans le cadre de son défi Rien de neuf

 

Avec qui avez-vous déjà pu collaborer ? 

 

Nous existons depuis l’été 2022 donc c’est très récent. Nous avons notamment créé un évènement qui s’appelait Histoires d’un soir pour une plateforme qui vend du matériel évènementiel, durant lequel étaient vendus des objets utilisés sur des mariages ou lors de soirées dans des hôtels. Le 1er mars, nous organisons une grande collecte pour La Recyclerie sportive, une association à Paris, où toutes les personnes qui apporteront des objets seront invitées à en raconter l’histoire, les objets étant ensuite vendus avec notre étiquette QR-code. Encore organisera aussi à cette occasion une conférence autour de la seconde main dans le sport, dans une école. Nous sommes actuellement en contact avec de nombreux retailers qui lancent des offres de seconde main et se demandent comment se différencier, comment innover sur ce marché-là et proposer des expériences à leurs clients.

A quels objets s’adresse Encore ? 

 

Ce dispositif peut s’appliquer sur tout type de pièces, de la raquette de ping-pong comme pour l’évènement à venir pour La recyclerie sportive à des pièces plus iconiques avec une dimension d’histoire de la mode pour des vestes, des manteaux, des sacs. Cela permet de creuser un avantage concurrentiel autour de la valeur émotionnelle de leurs pièces. 

 

Quel retour avez-vous des clients sur le terrain ? 

 

Ils adorent ! On constate que ça ne va pas forcément agir sur leur décision d’achat mais en revanche ça a clairement un impact sur leur expérience en magasin, c’est un levier puissant de recommandation et d’engagement sur les réseaux sociaux par exemple.