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« Croissance infinie et RSE ne font pas toujours bon ménage » Alexandre Rubin, CEO Petit Bateau.

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Auparavant CEO Yves Rocher France & Benelux, Alexandre Rubin a pris ses fonctions de directeur général de Petit Bateau le 1er septembre dernier. Sa participation à la conférence « Croissance infinie et RSE : quelle comptabilité ? » proposée dans le cadre de la 9e édition du salon Paris Retail Week et animée par Claire Dollez, était l’une de ses premières prises de paroles dans ce nouveau rôle. Fragments.

 

« La politique RSE a un coût »

 

« Se disperser, tout tester coûte cher. Petit Bateau n’a pas les moyens humains et financiers de Decathlon, qui peut tenter beaucoup plus de choses. Nous devons faire des choix. Forts. Et bons. D’une part parce qu’ils respectent la législation et d’autre part parce qu’ils ont du sens pour la marque ».

 

« La marque a-t-elle un ADN ? »

 

Dans un monde où il faut aussi composer avec les injonctions contradictoires des clients, comment les marques peuvent-elles faire la différence et se démarquer de la concurrence ? « La première question qu’une marque doit se poser est la suivante : quelle est sa promesse de marque ? A-t-elle un ADN ? Le produit est clé mais il n’est pas suffisant. Bien se définir permet de faire les bons choix et fixer la bonne vision, qu’il faudra ensuite mettre en application ».

 

« Croissance infinie et RSE ? Compliqué sur le principe ! »

 

« La question de la compatibilité entre croissance infinie et RSE se pose toujours mais elle n’entraîne pas les mêmes conséquences pour tous. Il est plus facile pour une start-up de décider de ne jamais trop grossir pour pouvoir rester en accord avec ses fondements RSE. Le problème se pose pour les gros acteurs, qui doivent  alors accepter la décroissance. Mais la baisse des volumes met forcément en péril l’avenir de ses usines. Il s’agit de trouver le juste équilibre. Et ni Shein, ni 1083 n’ont la réponse ».

 

« Le made in France… en France »

 

« Le made in France pour la mode n’a en fait de valeur qu’en France – et au Japon -. En Belgique on voudrait que je sois made in Belgium mais on ne va pas installer des usines dans tous les pays. Cela pose forcément la question des transports, de l’aviation notamment ».

 

« Communiquer sur la RSE, en s’appuyant sur des preuves » 

 

« On peut tout dire, si on des preuves. Si on stoppe toute communication par peur du greenwashing et par peur d’être attaqué, c’est une erreur. Il faut parler de sa stratégie RSE mais sécuriser avec les preuves. Et par conséquent, ne pas communiquer sur tout, car on ne fait pas tout bien. Il s’agit de communiquer sur les points où l’on veut être bons et  sur l’échéance fixée. »

 

« La seconde main de demain, c’est les nouvelles collections d’aujourd’hui ».

 

« Petit Bateau s’est lancé dans la seconde main dès 2017. C’est un levier de croissance vertueux mais ce n’est pas un gros levier. Nous sommes fiers de proposer cette offre mais elle ne suffira pas. La seconde main de demain, c’est les nouvelles collections d’aujourd’hui. Petit Bateau propose un produit très cadeau, naissance, avec une vraie notion de plaisir, qui n’envisage pas forcément l’occasion.

 

Il y a sans doute un rééquilibrage de discours à faire, même en communication. Laissons de côté cette arrogance qui consiste à dire que l’avenir ce n’est que la seconde main. L’occasion existe depuis des décennies dans l’automobile et on n’en a pas fait tout un pataquès. C’est vertueux. oui, mais il faut raison garder ».

 

Petit Bateau, qui rejoint le groupe Rocher en 1988, possède des points de distribution dans 55 pays (en Europe, Asie, Etats-Unis, et au Moyen-Orient) et tisse sa présence dans un réseau de près de 400 boutiques à ce jour. La marque se diffuse aussi en grande distribution, grands magasins, magasins multi-marques, franchises, magasins d’usine et e-boutiques.

 

En novembre 2021, Delphine Lebas prend la tête du département RSE de Petit Bateau, rattaché au comité de direction. Les missions se déclinent sur plusieurs axes parmi lesquels le développement durable (éco conception, sobriété énergétique, trajectoire carbone et biodiversité) ; l’économie circulaire impliquant la transformation du modèle d’affaires (seconde main, location, recyclage) ; et le social, en s’engageant à défendre les savoir-faire locaux et à soutenir les capacités de production en France.