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« Il faut davantage favoriser l’acte d’achat du jouet d’occasion » Karen Birstein, co-directrice de Rejoué.

Si le marché de l’occasion est en plein boom, qu’en est-il plus précisément du jouet et des jeux pour enfants ? Pionnière dans le domaine, l’association Rejoué, à travers sa directrice Karen Birstein, livre son point de vue, au coeur d’une nouvelle ère, régie par la loi AGEC et la mise en place d’une filière REP (Responsabilité Élargie des Producteurs) des jouets.

 

D’après le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, 157 000 tonnes de jouets sont mises sur le marché français chaque année, représentant un marché d’environ 3,5 milliards d’euros. « Plusieurs études sur le cycle de vie des jouets ont été menées. Il apparaît que les ménages qui souhaitent se défaire de leurs jouets ont recours à la revente et au don auprès de l’entourage. Le phénomène de stockage des jouets, en moyenne de 10 ans, est également répandu. Au vu de ces différents phénomènes, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a estimé que près de 100 000 tonnes de jouets sont jetées chaque année ».

Atelier d’inclusion qui redonne une seconde vie aux jouets, Rejoué a été créé il y a 10 ans par Claire Tournefier, récemment partie vers d’autres aventures professionnelles. C’est Karen Birstein qui assure désormais la co-direction de l’association aux côtés de Nathalie Ourry. La majorité de l’équipe a été renouvelée dans le même temps, apportant un nouveau souffle à l’activité de l’association. Ce d’autant plus qu’avec la législation qui évolue, une nouvelle ère a commencé : la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi AGEC) a prévu la mise en place d’une filière REP des jouets pour assurer la gestion des déchets qui en sont issus à compter du 1er janvier 2022. Agréé par l’État, Ecomaison est l’éco-organisme créé pour organiser le tri, la collecte, le réemploi et le recyclage des objets et matériaux de la maison, des fondations aux finitions.

© Christophe Hargoues

Une filière qui doit encore se structurer

 

Les choses commencent tout juste à se mettre en place. La filière doit se structurer.

Pour Rejoué, cela signifie un effort très important de traçabilité pour répondre aux obligations de transmission d’informations sur les types de jouets collectés et de jouets revendus, la refonte totale de son système d’informations et plus globalement une digitalisation accrue. 

Se structurer ? C’est justement l’une des missions du réseau Rejouons solidaire, co-présidé par Karen Birstein, aux côtés de Sarah Collet et Gilles Malandrin. « Ce réseau a été créé avec trois objectifs : fédérer un certain nombre d’associations qui œuvrent pour l’insertion professionnelle par le réemploi du jouet, parler d’une seule voix pour avoir plus d’influence sur les décisions, notamment dans le cadre de la nouvelle législation ; accompagner les porteurs de projets qui veulent se lancer dans une structure et leur proposer un parcours individualisé complet ; et enfin agir de façon collective à travers l’organisation de collectes de jouets à l’échelon national notamment. »

 

Aider les consommateurs à passer à l’acte d’achat du jouet d’occasion

 

Si le marché de l’occasion est en plein boom, qu’en est-il plus précisément du jouet et des jeux pour enfants ? Pour Noël 2022, les familles ont-elles glissé des cadeaux de seconde main sous le sapin ? « Si 60% ont déclaré en avoir l’intention, le passage à l’acte n’a pas été si évident, souligne Karen Birstein. En 2023, le marché du jouet neuf semble accuser une baisse, en raison de l’inflation et de la forte baisse des naissances en France ; nous constatons de notre côté une tendance à la hausse dans les achats dans nos deux boutiques. L’accès aux jouets d’occasion doit être globalement repensé : multiplier les endroits où les familles peuvent en trouver facilitera le développement de ce marché. 

L’association Rejoué, qui vend les jouets et les jeux revalorisés dans sa boutique historique dans le 14e arrondissement de Paris, a ainsi ouvert une boutique éphémère le 8 novembre, dans le centre de shopping So Ouest, à Levallois-Perret, pour une durée de 6 semaines. 119m2 entièrement dédiés aux jouets et aux jeux de seconde main, pour faciliter le passage à l’acte dans cette période stratégique des Fêtes de Noël. « Des bénévoles Rejoué proposeront également les mercredis, samedis et dimanche après-midis des temps de lecture pour donner le goût des livres » ajoute Karen Birstein.

71 000 jouets revalorisés

 

Implantée depuis plus de 10 ans en Ile-de-France, l’association a revalorisé en 2022 plus de 71 000 jouets, accompagné 72 personnes dont 63% de femmes et offert des cadeaux dans le cadre d’opération de solidarité à près de 7 300 enfants.

L’association emploie des personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières à qui elle propose un emploi et un accompagnement socioprofessionnel adapté. Chaque salarié, lors de son passage chez Rejoué, acquiert des compétences transférables, construit son projet professionnel, réalise des formations et stages et est accompagné sur la résolution de ses problématiques sociales.

 

« Notre démarche de revalorisation du jouet est possible car elle repose sur notre accompagnement socio-professionnel individualisé, alerte Karen Birstein. Sans faire appel à ce type de salariés, notre structure ne serait pas viable. Se pose alors plus que jamais la question de la manière dont l’économie circulaire devrait être valorisée et les moyens mis en œuvre pour véritablement la développer ».