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« La transparence est la clé pour redonner de la valeur au prix », Joséphine Bournonville, cofondatrice d’Omie.

Joséphine Bournonville
Joséphine Bournonville, cofondatrice d’Omie.
© Omie

Fondée par Joséphine Bournonville et Christian Jorge, Omie se présente comme la première marque alimentaire en agriculture régénérative, qui fait de l’alimentation un levier d’impact écologique et social. Cette approche, qui capte plus de carbone et favorise la biodiversité, est reconnue comme une solution environnementale de grande échelle, économiquement intéressante.

Christian Jorge
Christian Jorge, cofondateur d’Omie.
© Omie

Comment l’idée de créer Omie est-elle née ?

 

Joséphine Bournonville : Omie est né de deux constats : le premier est que notre modèle alimentaire et agricole actuel est délétère : l’alimentation pèse aujourd’hui pour 1/3 des émissions de gaz à effet de serre, essentiellement générés au niveau de la production agricole. Sans compter les impacts massifs sur la biodiversité, le cycle de l’eau et la santé des sols, et le niveau de vie des agriculteurs. Second constat qui a mené à la création d’Omie : pour un consommateur, il est difficile de “faire le bon choix” car il manque d’informations sur l’origine des ingrédients, les pratiques agricoles et la répartition de valeur dans la chaîne de valeur.

Nous avons donc voulu construire une alternative : des produits délicieux, qui assurent une rémunération juste aux producteurs et accompagnent la transition vers une agriculture régénérative, le tout, en apportant toute la transparence aux consommateurs.

 

Comment l’aventure Omie a-t-elle commencé concrètement ?

 

J. B : En 2020, nous avons échangé avec des agriculteurs et des fabricants partout en France, pour identifier les partenaires qui se retrouvaient dans notre vision. La gamme d’Omie a été construite avec comme boussole l’envie de repartir des filières agricoles françaises d’un côté, et de l’autre, développer des produits qui ont une place dans le quotidien des Français, qui sont sains et ont du goût de la cuisine, pas de la chimie !

Après une campagne de prévente en ligne fin 2020 sur les réseaux sociaux, nous nous sommes lancés avec notre site de vente en ligne en février 2021, d’abord en proposant la livraison à Paris, et rapidement dans toute la France. A partir de 2022, un site de vente de produits frais a souhaité référencer nos produits, ce qui a lancé Omie en B2B. La marque est devenue résolument omnicanale en 2023 en étant référencé dans des épiceries indépendantes au démarrage, puis dans des enseignes comme Décathlon, Potager City, Le marché de Léopold, ou encore les wagons-bars de la SNCF. Nous sommes actuellement en train de référencer de nouvelles enseignes et clients B2B.

© Omie

Comment présenter l’agriculture régénératrice à ceux qui ne la connaissent pas encore ?

 

J. B : L’agriculture régénérative vise à produire tout en réparant les écosystèmes et ainsi associer performance environnementale et économique des exploitations. En pratique, elle applique des principes tels que l’utilisation de couverts végétaux, l’association et la diversification de cultures, la réduction du travail du sol, la promotion d’infrastructures pour la biodiversité (haies, arbres) et en privilégiant l’utilisation d’intrants organiques plutôt que des intrants de synthèse. Les résultats sont tangibles : des sols pleins de vie qui deviennent auto-fertiles et captent l’eau en profondeur, une plus grande profitabilité pour les producteurs (baisse de coûts liés à l’achat d’intrants chimiques et à la diminution du travail du sol) et une plus grande résilience des fermes face aux aléas climatiques.

 

Constatez-vous que l’agriculture régénérative prend de plus en plus de place, que les choses bougent ?

 

J. B : L’agriculture régénérative est de plus en plus visible et reconnue comme une solution environnementale de grande échelle et économiquement intéressante. Aux Etats-Unis, elle est promue par des entreprises leaders de catégorie comme Patagonia ou Wholefood (première chaîne de distribution bio), et portée notamment par des organismes comme le ROA.

 

Vous prenez le parti de redonner du sens au prix, pour notamment rémunérer justement les agriculteurs. La transparence joue un grand rôle dans votre démarche. Pourquoi ? Et comment s’exprime-t-elle ?

 

J. B : L’opacité sur les origines et sur la répartition de la valeur est à l’origine de la défiance d’une large partie des consommateurs envers l’industrie alimentaire de façon générale. Cette situation a également généré de l’incompréhension quant aux produits potentiellement plus respectueux de l’environnement, mais perçus comme plus coûteux en raison du manque d’information sur leur réelle valeur ajoutée ou de leur traçabilité.

Nous pensons que la transparence est la clé pour redonner de la valeur au prix et rétablir une relation de confiance avec les consommateurs. Grâce à un QR Code, ou des étiquettes détaillées, les consommateurs sont informés de la décomposition du prix et notamment quelle part revient aux producteurs, ce qui est inédit, ainsi que le détail de l’origine de chaque ingrédient, comment et par qui il a été produit.

© Omie

Vous reversez 1% de votre CA pour financer des projets de transition écologique auprès des agriculteurs. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J. B : Omie, c’est un accompagnement et une proximité avec les filières agricoles au quotidien. Les équipes d’Omie sont composées pour partie d’ingénieurs agronomes qui apportent leurs expertises aux producteurs qui souhaitent s’engager dans des pratiques agricoles régénératives, au-delà du bio. Nous dédions 1% du CA d’Omie à des actions terrains concrètes pour accompagner cette transition comme le financement de formation, l’organisation de journée d’échange entre agriculteurs ou la participation à la relocalisation de filière.

 

Où les produits Omie sont-ils distribués ?

 

J. B : Nous sommes actuellement distribués en ligne, dans des enseignes spécialisées comme Le Marché de Léopold, l’Eau Vive, Univers Primeurs, Potager City, La bonne Distribution, et dans plus d’une centaine d’épiceries indépendantes à travers la France.

 

Quels sont les défis qui attendent Omie en 2024 ?

 

J. B : En 2024, nous aspirons à distribuer nos produits dans toujours plus de nouvelles enseignes et à proposer une dizaine de nouveautés produits. Des produits goûteux, fruits de recettes authentiques et originales, bons pour la santé et pour la planète.