Vers la production en série de meubles en réemploi : “Le Booster du Mobilier Circulaire”.

Pour structurer l’ensemble de la filière du mobilier et l’enrichir de pratiques vertueuses et circulaires, Les Canaux et l’éco-organisme Valdelia, ont lancé « Le Booster du Mobilier Circulaire », en avril 2019. Les lauréats bénéficient d’un accompagnement complet d’une durée de 18 mois. Entretien avec Léa Collette-Germier, Cheffe de projet économie circulaire et responsable du programme.

Pouvez-vous nous présenter Les Canaux, association à l’initiative du Booster du Mobilier Circulaire ?

Léa Collette-Germier : Notre association fondée en 2017 est présidée par Yann Arthus-Bertrand et Sarah Ourahmoune et dirigée par Elisa Yavchitz. Elle est notamment soutenue par la Ville de Paris, le Ministère de la transition écologique, l’Ademe et la Métropole du Grand Paris. Nous accompagnons le développement d’une économie engagée, solidaire, circulaire et locale, en formant et sensibilisant les citoyens, entreprises et collectivités à l’innovation sociale et environnementale. Nous créons des « canaux » entre les publics pour favoriser la coopération. Notre siège, qui se trouve au 6 quai de la Seine, dans le 19e arrondissement de Paris, est aussi une vitrine des savoir-faire franciliens en matière de circularité solidaire et un espace événementiel.

© Les Canaux

Comment l’idée du programme Booster du Mobilier Circulaire est-elle née ?

L.CG : Les visiteurs ont toujours témoigné d’un grand intérêt pour la Maison des Canaux, un lieu unique en France. Ce bâtiment de 1882 a en effet été totalement réhabilité en économie circulaire et se présente comme une alternative inspirante ! Au-delà du bâtiment, nous avons noté un fort intérêt des visiteurs pour l’aménagement intérieur de la maison. La direction, en partenariat avec Valdelia, a eu l’idée de lancer le programme Booster du Mobilier Circulaire, premier programme national d’accompagnement dédié aux fabricants et éditeurs de mobilier qui souhaitent intégrer l’économie circulaire dans leurs processus de production. L’idée était d’avoir un impact sur la filière de l’ameublement en se positionnant sur le secteur du mobilier upcyclé produit en série.

Sur quels critères les dossiers sont-ils sélectionnés ?

L.CG : Le comité de sélection étudie plusieurs points parmi lesquels les gisements dont disposent l’entreprise. Ils doivent idéalement être disponibles sous forme de flux, afin de pouvoir produire des meubles en série à partir de matières premières secondaires dont la qualité et la quantité sont régulières dans le temps. Nous sélectionnons également des structures ayant des profils variés pour créer des synergies au sein de la promotion.

© Les Canaux

Et parmi les entreprises choisies pour suivre le programme, on peut trouver à la fois des petites structures et des gros acteurs…

L.CG : Exactement. Nous sélectionnons tous types d’acteurs, y compris des grands groupes comme Habitat, qui fait partie de l’actuelle promotion du Booster 3. Ces entreprises s’adressent à nous pour monter en compétences sur la conception et la production circulaire, enjeu stratégique d’avenir pour elles. Au sein de la promotion, nous accompagnons également de plus petites structures qui sont parfois déjà acculturées à l’économie circulaire et ont besoin d’être accompagnées pour monter en échelle.

Comment se déroule le programme Booster du Mobilier Circulaire ?

L.CG : Pendant 18 mois, les entreprises sont accompagnées par Les Canaux et son réseau d’experts, du prototypage à la commercialisation d’une gamme de meubles produits en série à partir de matériaux issus du réemploi ou de la réutilisation. Les blocs de formation qui portent sur des sujets généraux sont dispensés en groupe. Ils sont complétés par des séances de coachings individuels afin de s’adapter aux besoins spécifiques des entreprises. C’est un programme à géométrie variable.

© Les Canaux

Quel regard portez-vous sur l’évolution des pratiques vers plus de circularité dans le milieu de l’ameublement ?

L.CG : Nous faisons tout notre possible pour accélérer la transition. L’évolution peut sembler lente mais nous observons un changement concret lors des salons, par exemple. Les entreprises engagées – qui sont d’ailleurs pour la plupart passées par l’un des programmes des Canaux – représentent certes une toute petite proportion des stands mais ont un impact fort et attirent beaucoup de visiteurs. Les organisateurs des salons commencent même à créer des parcours spécifiques afin de mieux mettre en valeur ces structures qui présentent une offre d’avenir.

Le demande de la part des consommateurs et des marchés publics est croissante, surtout depuis la loi AGEC. Nous sommes sur la bonne voie.

© Les Canaux