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À quoi les innovations alimentaires de demain ressembleront-elles ?

Éclaireur des tendances agroalimentaires mondiales, à la fois témoin et acteur des mutations qui ont fait évoluer les habitudes de consommation, SIAL Paris SIAL Parisse saisit de son édition anniversaire, qui se tiendra du 19 au 23 octobre 2024, pour mettre en lumière les innovations qui ont marqué leur époque depuis 1964. C’est l’occasion également d’explorer les futurs possibles, à travers le regard de plusieurs experts. Alors ? À quoi les innovations alimentaires de demain pourraient-elles ressembler ? Zoom sur quatre tendances d’avenir, issues de six décennies de transformations.

Alors qu’en 1967, Amara, une division de Whirlpool Corp, présentait le premier micro-ondes grand public (il faudra donc attendre 1979 pour que Moulinex sorte le premier micro- ondes grand public en France), la tendance actuelle de l’électroménager répond à la recherche d’efficacité mais aussi de plaisir. Sans oublier la nécessité de réduire la consommation d’énergie. Le Air Fryer, qui a réussi à se faire une place dans un paysage déjà bien chargé, en est l’illustration parfaite.

Et demain ? Pour Brice Konda, co-fondateur d’Inpulse, l’IA sera l’alliée d’une cuisine responsable. « Plusieurs constructeurs, à l’image de Samsung ou LG, travaillent à l’élaboration de réfrigérateurs et plaques de cuissons connectés et intelligents. Grâce à une identification automatique des produits entrants et sortants couplée à la gestion des dates de péremption, l’utilisateur pourra disposer de notifications sur les produits à utiliser en priorité… aussi bien sur l’écran de l’équipement que sur son smartphone ». 

Ces technologies sont appelées à se démocratiser. « En complément, l’analyse des habitudes de chacun pourrait accompagner le consommateur dans ses actes d’achat et prises de commande, au travers d’une connexion directe avec les sites des distributeurs et de recommandations personnalisées. » 

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Tendances 60’s
Photo 1 : Brice Konda, co-fondateur d’Inpulse.

Vers « une eau potable augmentée ».

 

Retour dans les années 70, lorsque Pepsi adopte le plastique PET (polyéthylène téréphtalate), dont la particularité est d’être trois fois plus léger, plus clair et plus solide que le PVC. A partir des années 90, ce matériau deviendra un standard au sein du secteur des eaux en bouteille. 

Le scandale sanitaire et écologique dont est aujourd’hui victime l’eau en bouteille peut laisser à penser que l’idylle avec les consommateurs touche à sa fin…

Pour Mike Hecker, fondateur de BE WTR, une entreprise suisse qui multiplie les solutions pour rendre l’eau du robinet plus attrayante, l’eau issue des réseaux publics apparaît plus que jamais comme incontournable. La consommation d’une « eau potable augmentée » se précise. « Avec notre offre d’eau embouteillée pour les restaurateurs, nous apportons une caution qualité, qui les rend fiers de servir ce produit. La bouteille est scellée et bénéficie des mêmes analyses et homologations que les eaux en bouteille traditionnelles. Le consommateur est pleinement rassuré et profite d’une qualité organoleptique supérieure ». 

SIAL Paris souligne que pour susciter l’envie de boire l’eau du robinet, les expériences de dégustation doivent se multiplier, tout en suivant une logique de sobriété faisant écho aux enjeux de l’époque. Un exemple ? Bubble-It, lauréat du prix spécial Start-up lors du concours SIAL Innovation 2022, qui propose de transformer l’eau plate en pétillante grâce à une simple préparation en poudre.

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Tendances 70’s
Photo 4 : Mike Hecker © StinaSvanberg

Clarté et transparence : deux arguments marketing essentiels.

 

A la fin des années 1980, c’est la création du label de commerce équitable Max Haavelar qui retient l’attention de SIAL Paris. Ce label international inspirera en effet de nombreuses démarches en faveur du bien-être des producteurs et du respect de l’environnement et il est intéressant de noter qu’aujourd’hui, les labels et les étiquetages façonnent le choix des consommateurs. « En plus des cinq labels reconnus par l’État, parmi lesquels on compte le Label Rouge, les Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) ou encore l’Agriculture Biologique, ce sont des centaines d’initiatives privées qui trouvent leur place sur les emballages, pour répondre à un besoin de transparence fort » indique SIAL Paris. Mais le consommateur s’est peu à peu perdu dans une véritable jungle de labels…

Pour que le label ne soit plus un outil magique, les organisations FAIR[e], Bioconsom’acteurs et ActionAid ont par exemple développé une « Boussole des Labels », permettant à chacun de réaliser un choix éclairé. « Des initiatives se déploient à l’international pour reprendre des dispositifs similaires au Nutri-Score, aussi bien en Chine qu’aux États-Unis, ce qui démontre le caractère global
du mouvement, basé sur des standards ouverts et partagés par tous » souligne Pierre Slamich co-fondateur de l’association Open Food Facts. Cette dernière offre aux fabricants une plateforme gratuite dédiée soutenue par Santé publique France, où ils peuvent saisir leurs données produits et bénéficier d’un précieux éclairage sur les pistes de progrès. L’outil permet aux consommateurs de disposer du calcul automatisé du Nutri-Score, y compris quand ce dernier n’est pas présent sur le pack. « La clarté et la transparence sont devenus des arguments marketing très efficaces : les distributeurs l’ont bien compris et ont été parmi les premiers à déployer le Nutri-Score V2, créant ainsi une véritable dynamique » s’est réjoui Pierre Slamich.

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Tendances 80’s
Photo 2 : Pierre Slamich

L’apparition d’une forme de « sobriété du plaisir ».

 

Le fait marquant des années 2000, SIAL Paris a choisi de le situer en 2004 avec l’apparition du premier drive en France à Marcq-en-Barœul, près de Lille (59). Depuis ce canal de distribution s’est beaucoup développé et les points de retraits se sont multipliés : entre 2020 et 2021, le parc français de drive a bondi de 1 000 unités sur le territoire, passant de près de 5 200 à plus de 6 200. « Entrepôts de préparation automatisés, drive piéton, présence sur les plateformes de livraison : l’accélération vers le numérique est aujourd’hui palpable et les initiatives se multiplient pour accroître autant l’efficacité des structures que la proximité avec le consommateur » note SIAL Paris. 

Emily Mayer, Directrice des études chez Circana, prédit l’apparition d’une une forme de « sobriété du plaisir », avec une offre responsable déployée dans un environnement plaisant pour répondre aux attentes des consommateurs toujours plus informés, engagés
mais également plus anxieux. Pour y parvenir, l’emploi de la technologie « placée au service de l’humain » sera un élément clé. « L’Intelligence Artificielle et des solutions mécaniques pourront décharger les collaborateurs de tâches à faible valeur ajoutée et accélérer la levée des irritants, tels que les ruptures produit ou l’attente en caisse ». 

« La relation et le conseil à la clientèle pourraient ainsi devenir le cœur des métiers de la distribution, pressent Emily Mayer, ce qui permettrait de créer des expériences et événements à forte valeur ajoutée tels que des cours de cuisine ou des rencontres avec les producteurs. De son côté, le magasin physique va perdurer, tout en étant plus accessible et personnalisé : avec des implantations au plus près des consommateurs (y compris dans les zones rurales) mais aussi dans sa proposition et dans ses prix ».

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Tendances 2000’s
Photo 2 : Emily Mayer