Cargonautes : La livraison du dernier kilomètre… en vélo cargo biporteur.
© Willem Roy
Créée en 2015, sous le nom d’Olvo, par deux anciens coursiers « ubérisés », Cargonautes est aujourd’hui une coopérative de cyclo-logistique dont l’objectif est de rendre la livraison du dernier kilomètre douce, sans odeur ni bruit. Yann Tual, commercial/communiquant/coursier a répondu à nos questions.
Comment a été créée Olvo, devenue par la suite Cargonautes ?
Yann Tual : Les deux fondateurs, Leeroyd Levi et Lucile Mercier, qui étaient coursiers, ont souhaité s’affranchir des plateformes d’auto-entrepreneurs lorsque les conditions de travail ont commencé à se dégrader. Leeroyd est un esprit très novateur, qui a toujours une multitude d’idées. Et c’est l’un des premiers à s’être intéressé au vélo cargo pour les livraisons, convaincu que celui-ci pouvait remplacer avantageusement la camionnette en ville. Lorsqu’il a réussi à passer un accord avec Deliveroo pour livrer des repas à destination de la même entreprise, le premier vélo cargo a été acheté.
Leeroyd et Lucile ne font plus partie de l’aventure aujourd’hui mais ont gardé un lien affectif fort avec Cargonautes, devenue une SCOP (Société Coopérative et Participative), détenue par ses salariés-sociétaires.
Quels services propose Cargonautes ?
Y.T : Tout d’abord la livraison du dernier kilomètre en vélo cargo électrique. Bi-porteur ! Ce qui nous permet d’allier l’utile à l’agréable et de profiter d’un vrai plaisir de pilotage. Chez Cargonautes, nous sommes tous des passionnés de vélo.
Nous proposons également du stockage dans notre entrepôt, situé Porte d’Aubervilliers, mais aussi la commercialisation d’un logiciel de cyclo-logistique, CYKE, financé avec l’aide de l’Ademe et développé pour les entreprises de livraison à vélo. Enfin, Cargonautes vend des vélos cargos des marques Omnium et Douze Cycles.
Quels types de produits livrez-vous et à qui ?
Y.T : Cargonautes travaille avec 150 clients et effectue environ 7 000 livraisons par mois. Nous livrons aussi bien les bouquets de Fleurs d’ici, fleurs locales et de saison que les matelas de la marque française Tediber. Nous livrons beaucoup de cafés, hôtels et restaurants en café et fruits, mais aussi du caviar chez Petrossian, des bières chez Gallia… Pour les produits volumineux, nous avons des remorques. Il m’est déjà arrivé de livrer un réfrigérateur d’1m70 !
Cargonautes occupe également le créneau B2C, avec la livraison à des abonnés d’ingrédients de batch cooking.
Depuis 2019, Cargonautes est une coopérative. Qu’est-ce que cela signifie ?
Y.T : C’est en effet ce qui nous différencie des autres entreprises de cyclo-logistique situées à Paris. Les 40 salariés possèdent l’entreprise (au moins 51% du capital) ; une personne = 1 voix ; les dirigeants sont élus et révocables à tout moment ; les grandes décisions et les dépenses sont votées en AG ; le résultat est partagé : minimum 25% en bonus salarial et pas plus de 33% en dividendes ; et il n’y a pas de plus-value sur les parts sociales. Ce fonctionnement démocratique permet de garder le sourire chaque jour, malgré un métier qui peut s’avérer parfois dur physiquement et moralement.
Et tous les employés de l’entreprise réalisent des livraisons, quel que soit le poste…
Y.T : En effet ! Chez nous, très peu de salariés accomplissent une seule tâche. Des ingénieurs aux graphistes en passant par les développeurs, les coursiers, le service marketing… tous les employés de l’entreprise dédient au moins une demi-journée par semaine aux livraisons en vélo cargo.
Pourquoi le vélo cargo a-t-il de l’avenir en ville selon vous ?
Y.T : Le vélo cargo apparaît comme une solution verte pour régler la question de la livraison du dernier kilomètre, qui congestionne les routes des hyper-centres, pèse pour 20 % du trafic urbain et est responsable de 25 % des émissions de gaz à effet de serre.
Le vélo cargo permet de désengorger les villes, quand il roule mais aussi quand il est stationné. Nous veillons toujours à ce qu’il y ait de la place sur les trottoirs pour laisser passer un fauteuil roulant ou une poussette. L’idée n’est pas que le vélo cargo devienne le camion du trottoir, sinon… on a tout raté !
Il faut savoir qu’en ville, un camion roule à 16KM/h en moyenne tandis qu’un vélo cargo à 18KM/h en moyenne. Nous devons certes faire plusieurs allers-retours quand un camion règle tout en une tournée mais ces efforts en valent largement la peine.