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Sensus : créer les vêtements de sport du futur, techniques et (très) éco-responsables.

Théo Lapouge, Fondateur de Sensus

Ancien athlète de haut niveau en athlétisme, Théo Lapouge a créé en 2022 la marque bordelaise Sensus. Son objectif : proposer des vêtements de running performants, fabriqués en France, à partir de déchets textiles et de matières plastiques recyclés. Entretien.

Vous avez fondé Sensus – originellement sous le nom de « Kali » -, à l’occasion du Salon du Made in France de Bordeaux en mars 2022. Comment résumer votre parcours avant la concrétisation de ce projet ?

 

Théo Lapouge : Je suis un ancien athlète de haut niveau en demi-fond, plusieurs fois sélectionné en Équipe de France, pour les Championnats d’Europe de Cross-Country. Ces milliers d’heures de course à pied m’ont permis de ressentir et identifier les avantages et les défauts des vêtements que je portais. En parallèle, j’ai travaillé chez Adidas sur la création de chaussures de running comme la Ultraboost, la Adios, la Adapt Lite Racer ou encore les pointes d’athlétisme utilisées par les meilleurs coureurs mondiaux. J’ai ainsi découvert tous les secrets de la création d’un produit et son industrialisation.

© Sensus

Quelle était votre idée en créant Sensus ?

 

T. L : J’ai eu envie de créer ma propre marque de vêtements de sport, techniques, (très) éco-responsables et fabriqués localement. J’ai commencé de manière pragmatique en me formant à la couture pour créer et développer les vêtements avec ma propre identité, mon propre cintrage, mes propres mesures, mes propres finitions…

 

Comment parvenez-vous à réduire l’impact carbone des vêtements Sensus ?

 

T. L : Sensus fabrique ses vêtements à partir de pulpe de bois (Tencel), de bouteilles en plastique recyclées et de déchets textiles. 8 600 bouteilles plastique ont déjà été recyclées, soit 9 bouteilles en moyenne par t-shirt.
Pour éviter la surproduction, seuls les modèles pré-commandés sont fabriqués.
Nous essayons d’être les plus transparents possibles. Nous publions d’ailleurs nos chiffres d’impact carbone par vêtement : par exemple notre t-shirt Aera Homme a un impact carbone de 1,63 kgCo2eq, soit 5,82 fois moins que son homologue fabriqué à l’étranger.

 

Le made in France est en effet dans votre ADN …

 

T. L : Tout à fait. Notre priorité est de tout faire fabriquer en France : le tissu, les consommables et le vêtement. Les tissus éco-responsables utilisés par Sensus proviennent de Saint-Romain-de-Popey (69), Blyes (01), Bourgoin-Jallieu (38) et Saint-Julien-en-Saint-Alban (07). La confection s’effectue, elle, à Peyrehorade (40), Pau (64), Les Cars (87) et Claveyson (26).
En plus de l’emploi local, Sensus encourage l’emploi social : les t-shirts, shorts et cuissards sont fabriqués par des personnes en situation de handicap.

 

Quelle place occupe la co-création dans l’aventure Sensus ?

 

T. L : Une place essentielle. Sensus collabore avec près de 3 000 coureurs et coureuses pour identifier leurs besoins mais aussi évaluer leur budget.
Tous les deux mois environ, nous envoyons un questionnaire à notre communauté pour savoir quels sont les vêtements qui manquent pour la pratique du running.
Les réponses pour concevoir les meilleures chaussettes basses ont par exemple révélé que celles-ci ne devaient pas bouger pendant l’effort – pour ne pas créer d’ampoules – et que leur prix de vente ne devait pas dépasser 18 euros. Pari réussi avec une paire de chaussettes fines et sans coutures, qui ne glissent pas, vendues 15 euros TTC. Leur impact carbone est estimé à 0.57 kgCo2eq, soit 2,5 fois moins que son homologue fabriqué à l’étranger.

 

Quel sera le grand défi de Sensus en 2024 ?

 

T. L : Nous travaillons actuellement sur une gamme de vêtements en ricin, une matière première encore plus écologique.