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« Éviter que le rideau ne se ferme entre le départ d’un commerçant et l’arrivée d’un autre », Sandrine Fournier, Manager de centre-ville.

La ville de Sorgues, dans le Vaucluse, compte un peu moins de 20.000 habitants © Sandrine Fournier.

Créé pour maintenir et dynamiser l’activité commerciale d’un territoire, le métier de manager de centre-ville fait de plus en plus parler de lui. Sandrine Fournier, Manager de centre-ville au sein du service de développement économique de la Communauté d’Agglomération Les Sorgues du Comtat, évoque ses principales missions et les défis auxquels sont confrontés les commerçants.

Sandrine Fournier
 © Sandrine Fournier.

Comment décrire votre métier de manager de centre-ville ?

Sandrine Fournier : Je vais à la rencontre des artisans et des commerçants situés dans le centre-ville de Sorgues pour discuter avec eux, les écouter, récolter leurs avis, noter ce qui pourrait être amélioré… Le but est ensuite de restituer les demandes à la police municipale ou aux services techniques de la ville, d’établir des connexions avec les acteurs institutionnels tels que

la Chambre de Métier ou La Chambre de Commerce, de travailler en lien avec l’Office du tourisme… Je travaille en transversalité, prenant en considération les thématiques du logement, de l’embellissement du centre-ville, des fêtes et cérémonies… Je suis une intermédiaire qui facilite la communication et le partage d’informations et j’ai aussi en charge de veiller à l’attractivité de la ville.

Comment travaillez-vous avec les commerçants ?

S.F : En 2021, Marianne Borel a intégré mon équipe pour devenir animatrice de CAP Sorgues, l’association des commerçants, qui compte 130 adhérents. Un tel regroupement repose en effet sur le bénévolat des acteurs économiques, à qui le temps manque bien souvent pour mettre en œuvre les idées et les projets. Des after work et des petits déjeuners sont ainsi régulièrement organisés pour que les membres puissent se rencontrer dans un cadre convivial et des événements sont proposés tout au long de l’année pour attirer de nouveaux clients en centre-ville et les fidéliser.
Et comme la Communauté d’Agglomération Les Sorgues du Comtat a la chance de compter 3 « petites villes de demain » – Monteux, Pernes-les-Fontaines et Sorgues – et par conséquent 3 managers de centre-ville, la dynamique de ce territoire s’en trouve considérablement enrichie. Nous avons récemment réuni les 3 associations de commerçants pour une belle soirée, où de nombreuses cartes ont été échangées. Si les commerçants se font travailler les uns les autres, cela ne peut être que bénéfique pour l’activité économique du territoire.

Quelle stratégie mettez-vous en place pour maintenir l’attractivité du centre-ville ?

S.F : Mon objectif est d’éviter que le rideau ne se ferme entre le départ d’un commerçant et l’arrivée d’un autre. Lorsqu’un préavis est donné, je pars en quête d’un remplaçant pertinent, qui viendra compléter l’offre commerciale déjà existante. Il y a plusieurs mois, j’ai ainsi œuvré pour l’installation d’un magasin de lingerie féminine, qui n’avait pas d’équivalence dans le centre-ville. J’ai fait réhabiliter un local pour y accueillir une poissonnerie et je cherche actuellement un caviste, car Sorgues fait partie de l’AOC Chateauneuf du Pape… Je reste à l’écoute des commerçants et des artisans installés, qui sont en relation directe avec la clientèle et qui connaissent ses attentes et besoins.

Quels sont les défis auxquels sont confrontés les commerçants aujourd’hui et quelles solutions leur proposez-vous pour y faire face ?

S.F : Pour commencer, les éco-défis. Il faut aider les commerçants à passer à une ère plus propre, plus durable, plus éthique et également leur expliquer qu’il est important de communiquer sur leur exemplarité auprès de leurs clients. La Communauté d’agglomération participe au dispositif « Eco-défis des commerçants et artisans » dont la première commission sera en juin prochain.

Autre défi colossal : le virage du numérique. Tous les commerçants n’ont pas les mêmes compétences ni le même temps à allouer à la communication sur Internet et sur les réseaux sociaux. La Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Provence numérique, dédiée à l’innovation, à la rencontre, et au partage de compétences autour du numérique a ouvert un tiers lieu à Sorgues. Les commerçants et les artisans peuvent y suivre des formations.

L’image fait également partie des défis que les commerçants doivent relever…

S.F : C’est en effet le troisième grand défi que nous avons identifié. Nous nous rendons compte que les vidéos ont un impact très important et qu’elles peuvent vraiment donner envie aux clients de se rendre en centre-ville. Nous avons noué un partenariat avec l’IMCA (Institut des métiers du cinéma et de l’audiovisuel) pour que les stagiaires de ce centre de formation réalisent des portraits vidéos des acteurs économiques de Sorgues.

Ma collaboratrice Marianne Borel et moi-même avons également été récemment formées pour réaliser des petits reportages de moins d’une minute avec notre Smartphone, pour donner à voir… et donner envie.

Toutes les villes ont-elles leur manager de centre-ville ?

S.F : La mise en place d’un manager de centre-ville, rattaché au service développement économique de l’intercommunalité, dépend de la volonté de l’Agglomération ou de la Communauté de communes. Toutes n’ont pas (encore) fait ce choix.