“Nous ne parlons jamais d’objectifs financiers ni de chiffre d’affaires”, Alexandre Jousseau, gérant, Frais Malin.

Lutter contre le gaspillage alimentaire en proposant des produits destinés à la destruction. C’est le concept de Frais Malin Déstockage, dernier maillon d’une chaîne qui permet d’accompagner agriculteurs, producteurs, industriels et transporteurs sur la voie du changement. Objectifs : ne plus jeter et inviter les clients à changer leur mode de consommation, tout en bénéficiant de produits frais, de qualité, vendus entre 25 et 50% moins cher que dans le circuit de distribution classique. Entretien avec Alexandre Jousseau, gérant de 3 magasins Frais Malin.

N’ayant pas été sélectionné, j’ai décidé de passer un Bac pro commerce en alternance dans un hyper U, puis de suivre un BTS, en alternance également.

En faisant des recherches sur Internet, j’ai découvert l’existence de Force U, l’école de Système U, à Montpellier. J’y ai suivi un an de formation pour devenir manager de rayon. 

Et j’ai ensuite occupé les postes de chef de département non alimentaire, responsable espace U et chef de département PGC, avant d’intégrer l’école de directeur du Système U, à Nantes. Le Groupe offre de vraies opportunités pour les jeunes qui aimeraient reprendre un magasin, sans être issus du milieu.

C’est au cours de ces années que j’ai fait la rencontre de Philippe Froger, alors directeur de l’Hyper U d’Ecommoy, en Sarthe.

A.J : En 2010, Philippe Froger a décidé de quitter son poste – que j’ai alors occupé durant 7 ans – pour reprendre un magasin de déstockage alimentaire à Noyen-sur-Sarthe. L’enseigne Frais Malin a été créée lorsqu’un second magasin a ouvert ses portes, au Mans, en 2016.

C’est en 2017 que j’ai pris la décision de le rejoindre, animé par l’envie et le besoin de changer d’univers. J’ai ouvert le 3e Frais Malin déstockage en avril 2018, à Savigné-l’Evêque, dans une rue très fréquentée. L’ouverture a fait le buzz. Quelques mois plus tard, un reportage de Capital qui nous était consacré a fait exploser l’activité. Certains clients faisaient plus de deux heures de route pour acheter nos produits. Et c’est d’ailleurs encore très régulièrement le cas aujourd’hui. Un 4e magasin Frais Malin a ouvert en 2019, à Arnage.

Depuis 2010, 70 emplois ont été créés et 4 zones industrielles désertées ont été redynamisées.

A.J : Notre cœur de métier repose sur les produits frais (70% du chiffre d’affaires), destinés à la destruction. Les prix sont dégriffés de 25 à 50% moins cher que dans le circuit de distribution classique, ce qui attire ceux qui souhaitent manger de la viande, du poisson ou des légumes de qualité, à des prix imbattables. Frais Malin Déstockage, est le dernier maillon d’une chaîne qui permet, avec l’aide des agriculteurs, producteurs, industriels et transporteurs de toute la France, de réduire le gaspillage.

Nous donnons également 20 tonnes par an à la Banque Alimentaire et aux Restaurants du Cœur.

A.J : En effet. Nous avons décidé que ce n’était pas à nous de nous adapter aux clients mais à eux de le faire. Ce qu’ils acceptent, lorsqu’ils comprennent quelles valeurs régissent notre fonctionnement. 

Le lundi matin, nos 4 magasins sont fermés, ainsi que le dimanche et les jours fériés. Les jours d’ouverture, les rideaux sont tirés à 19 heures. 

Nous avons également mis en place un système de roulement des plannings tous les 15 jours, ce qui permet à la moitié de l’équipe de profiter de son temps libre du samedi à partir de midi au mardi matin. 

Offrir une bonne qualité de vie au travail est à nos yeux essentiel, ce qui signifie moins d’exposition au stress, plus de temps passé avec sa famille et ses amis.

La plupart de mes salariés sont des pépites qui viennent de la grande distribution. Ils y ont passé entre 12 et 20 ans, à des gros postes. Toutes ces compétences exceptionnelles expliquent aussi le succès de Frais Malin.

A.J : A n’en pas douter, mais au profit d’un confort de vie inestimable.

A.J : Chez Frais Malin, le seul objectif que nous nous fixons est de mettre rapidement les produits frais en rayon. On ne parle jamais d’objectifs financiers ni de chiffre d’affaires. Nous vivons au jour le jour et c’est le bonheur.

Nous avons également fait le choix de reverser 20% du résultat aux salariés. C’est possible car nous ne dépensons pas le moindre euro en communication et que nous n’avons pas de centrale d’achat. De plus, tous les magasins ont été montés sur des friches commerciales, ce qui a réduit les frais d’acquisitions. Et enfin, les magasins sont équipés de matériel de seconde main.

A.J : Philippe Froger partira à la retraite dans quelques mois. Je prendrai donc la gérance des 4 magasins. Kévin Guillet, que j’ai formé lorsque j’étais directeur de l’Hyper U d’Ecommoy, m’a rejoint il y  a un an et remplacera Philippe le moment venu. La relève est assurée !