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[Dossier] Retail 2023 – #3 : Le commerce de demain sera local ou ne sera pas, par Raphaël Palti.

Le commerce de demain sera local ou ne sera pas, par Raphaël Palti.
C’

est au plus près du client que le commerçant a la plus grande garantie de tisser les liens les plus profonds et durables avec lui. C’est pour moi une évidence.

Or, les nouvelles technologies et les possibilités qu’elles offrent – par exemple en matière de logistique, permettent aujourd’hui de proposer, à proximité du domicile du client, des services qui, jusque récemment, n’étaient disponibles qu’à distance. Et cela tombe très bien au regard de l’attachement que portent les Français à leur commerce de proximité. En 2021, près de 7 Français sur 10 considéraient les commerçants de proximité comme vecteur de bien-être au quotidien et près de 80% d’entre eux estimaient qu’ils leur facilitaient les choses au quotidien, selon une étude YouGov pour American Express.

 

Un attachement envers les commerces de proximité exacerbé par la crise sanitaire.

 

Il faut dire que la crise sanitaire a conduit les clients-citoyens à redécouvrir leurs magasins de quartier. Des magasins de quartier qui, à la faveur des restrictions de déplacement qui avaient été imposées au plus fort de la pandémie, ont représenté, pour de nombreux citoyens, le seul et unique moyen d’échanger avec des personnes extérieures à leur foyer. Considéré, depuis lors, comme vecteur majeur de socialisation par de nombreux clients, le commerce de proximité bénéficie encore, près de trois ans après le début de la pandémie, d’un plébiscite de la part des Français qui, selon une enquête réalisée par l’institut CSA pour la CGAD en septembre  2022,  estiment, pour 83% d’entre eux,  que les commerces alimentaires de proximité dynamisent les centres-villes et souhaitent, de surcroît, en avoir davantage près de chez eux (72%).

 

La grande distribution à l’assaut de la proximité.

 

Au vu, entre autres, de cet engouement des clients pour le commerce de proximité, 2022 a été le témoin de maintes initiatives, de la part d’acteurs de la grande distribution, visant à tester des formats de proximité en centre-ville, territoire dans lequel la majorité d’entre eux ne s’étaient pas aventurés jusqu’alors. 

Parmi ces acteurs, on peut nommer Castorama, Leclerc ou encore Bio C’Bon, avec le lancement de concepts qui, pour la plupart, font la part belle au serviciel et aux offres produits adaptées à une zone de chalandise plus restreinte, composée de typologies de clients spécifiques à leur territoire d’implantation. 

 

La proximité au secours du climat.

 

Plus qu’une opportunité à court et moyen termes, ce réinvestissement de la proximité par le commerce représente, ni plus ni moins, l’avenir du commerce et, plus globalement, l’avenir de nos villes, villages et quartiers. 

En premier lieu, pour des questions environnementales. Quoi de mieux qu’une offre commerciale de proximité pour encourager les mobilités douces ? Si le client peut tout se procurer au meilleur prix près de chez lui, pourquoi prendrait-il sa voiture pour se rendre dans un magasin plus éloigné de son domicile ? Dans un futur plus éloigné, il n’est pas inimaginable que nos villes bénéficient d’un maillage commercial permettant à chaque territoire, à chaque quartier, de posséder un éventail de commerces couvrant toutes les verticales sectorielles répondant aux besoins quotidiens des habitants (alimentaire, hygiène, entretien, habillement…). Imaginé par l’urbaniste et chercheur franco-colombien Carlos Moreno, ce principe, baptisé Ville du quart d’heure et basé sur une conception polycentrique de la ville, permettrait, selon lui, en faisant bénéficier chaque quartier des mêmes commerces et services, de réduire drastiquement les déplacements au sein des centres urbains et de réduire, par la même, la pollution et le stress engendrés par ces mêmes déplacements. 

 

Un vecteur sans pareil de socialisation et de dynamisation des territoires.

 

En second lieu, pour des questions sociales et de vitalité des territoires. La proximité permet d’établir des liens humains, de donner naturellement plus de chaleur et de convivialité dans la relation commerciale. Elle permet, parfois même, de lutter contre l’exclusion sociale, à l’instar du programme Le Carillon, lancé il y a près de 10 ans par l’association La Cloche, qui met en lien un réseau de commerçants locaux solidaires et des personnes en situation de précarité.

Sans aller jusque-là, elle permet, aussi, de (re)dynamiser des villes, des quartiers, en permettant à leurs résidants de se croiser, d’échanger en faisant leurs courses chez leur épicier, chez leur boulanger, chez leur boucher ; en se rendant dans leurs cafés et restaurants de quartiers. Le commerce de demain sera local ou ne sera pas !