[Dossier] Retail 2023 – #1 : La seconde main, nouvel eldorado et pour longtemps, par Raphaël Palti.
© Arnaud Thizy
En cette fin d’année et comme tous les ans, de nombreux Français se sont rendus, après les fêtes, sur des sites de vente entre particuliers, comme Ebay ou Le Bon Coin, pour se défaire d’une partie des cadeaux qu’ils ont reçus. Un phénomène qui s’est vu renforcé par l’inflation et l’incertitude qu’elle fait peser sur le pouvoir d’achat, actuel et futur, des consommateurs. À la veille des fêtes de fin d’année, la moitié des Français déclaraient songer à revendre leur cadeau (+8 points par rapport à 2021), d’après une étude menée en décembre par Ipsos pour Rakuten. En outre, 16% d’entre eux se sont dit prêts à revendre leur cadeau…pour des raisons budgétaires liées à la crise.
Des cadeaux de seconde main sous le sapin.
Il n’empêche. Si la propension des Français à revendre les cadeaux qu’ils ont reçus est en nette progression compte-tenu du contexte inflationniste, le phénomène n’est, cependant, pas nouveau. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la part grandissante de Français à avoir choisi d’offrir, à leurs proches, des cadeaux de seconde main, notamment des jouets. Ainsi, depuis le début de l’automne, le site Le Bon Coin a par exemple enregistré une augmentation des recherches de pas moins de 18 % par rapport à l’an dernier. Preuve que, pour les clients, le hard discount – qui promet, lui aussi, d’exploser en 2023 au regard du contexte économique sus évoqué – n’est pas la seule réponse face à l’inflation.
A New York, les ouvertures de magasins de seconde main ont explosé en 2022.
Magasins de seconde main à New York © Arnaud Thizy
On le voit aux États-Unis. À New York, en l’espace de deux ans, les ouvertures de magasins spécialisés dans les produits de seconde main ont explosé. Tant et si bien qu’une application mobile répertoriant tous les magasins vintage de Big Apple a été lancée l’année dernière. Par ailleurs, si la seconde main se révèle un allié de poids pour contrer l’impact de la flambée des prix sur le budget des ménages, elle représente, aussi et surtout, un levier clé pour réduire l’impact de leur consommation sur l’environnement.
L’application Vintage Map répertorie les magasins d’occasion à New York. © Aurélien Leprêtre
En France, de nombreux acteurs se lancent dans l’aventure de l’occasion.
De fait, au vu de l’évidence de l’urgence climatique, les clients-citoyens se tournent de façon croissante vers l’occasion et, plus largement, vers le marché de l’économie circulaire. Ce changement de paradigme, ce virage inédit pris par les clients vers des modes de consommation plus responsables, de nombreux acteurs du commerce, que ce soit en France ou à l’international, l’ont déjà pris en considération ces derniers mois. Ce fut entre autres le cas, en France, de King Jouets, avec l’ouverture de King’Okaz son premier magasin dédié aux jouets de seconde main ; de Casino, avec lancement, en août dernier, de son nouveau format, O’caZ, spécialisé dans l’outlet et l’occasion ; ou encore de Boulanger qui annonce racheter, depuis l’été, 1.500 produits par mois à ses clients.
Le rayon seconde main du magasin O’caZ, ouvert par Casino en juillet dernier au Puy-en-Velay @ Arnaud Thizy
Ce type d’initiative va se généraliser cette année, j’en suis intimement convaincu. Et cette tendance lourde fera de 2023 l’année où la seconde main aura confirmé son envol, faisant de ce marché un concurrent de poids face au marché du neuf !